Rétrospective Raúl Ruiz en quatre films – En salle à partir du 7 août

C’est avec une grande fierté que nous ressortons en salle quatre films d’un auteur avec qui nous avons travaillé à de nombreuses reprises par le passé, et malheureusement disparu aujourd’hui, Raúl Ruiz. Cette collaboration, qui s’est étalée sur plus de trente années, continue de marquer durablement l’ADN d’Alfama Films aujourd’hui. Continuer de faire vivre l’œuvre immensément riche et foisonnante de ce cinéaste qui a fait de la quête perpétuelle de liberté son credo, nous parait essentiel. 


C’est pourquoi nous proposerons au cœur de l’été, à partir du 7 août, de redécouvrir conjointement sur grand écran TROIS VIES ET UNE SEULE MORT (1996), GENEALOGIES D’UN CRIME (1997), LE TEMPS RETROUVE (1999) et MYSTERES DE LISBONNE (2010). Les trois premiers titres ont été numérisés et ressortent pour la première fois dans une magnifique version restaurée. Le programme que constituent ces quatre longs-métrages nous semble être la porte d’entrée idéale à l’œuvre géniale de Ruiz, qui permet de découvrir son réalisme magique très personnel, son humour et son attrait pour le romanesque teinté de surréalisme.



RAUL RUIZ


En 1983, Serge Toubiana écrivait dans Le Cas Ruiz, son texte de présentation des Cahiers du Cinéma n°345, consacré à Raúl Ruiz : « Le cinéaste le plus prolifique de notre époque, dont la filmographie est ”presque” impossible à définir, telle est grande la diversité, la splendeur et la multiplicité de ses réalisations depuis plus de vingt ans ». Atteignant une reconnaissance internationale dans la fin des années 70, Raúl Ruiz s’est révélé l’un des cinéastes les plus enthousiasmants et innovateurs de son temps, faisant preuve d’une diversité intellectuelle et d’une expérimentation artistique plus riche qu’aucun autre cinéaste depuis Jean-Luc Godard.


Ruiz, après avoir soutenu le Gouvernement de Salvador Allende, a été forcé d’abandonner son pays pendant le coup d’état fasciste de 1973. Influencé par la tradition fabuliste qui parcourt une grande partie de la littérature latino-américaine (Gabriel García Márquez, Jorge Luis Borges et Alfonso Reyes), Ruiz est un poète d’images fantastiques dont les films glissent, sans effort, du réel à l’imaginaire et vice-versa. Manipulateur de jeux sauvages et intellectuels dans lesquels les règles sont toujours changeantes, les techniques de Ruiz sont aussi diverses que ses films. Dans cette Tour de Babel cinématographique où les langues, les langages et les formes vont main dans la main, se mélangeant, se disputant ou parfois s’harmonisant, nous reconnaissons les fondements d’une organisation d’images qui favorisent l’émergence d’un spectateur différent. Au cours d’une carrière extrêmement prolifique – plus de 100 films réalisés en 30 ans – ce touche à tout s’est penché aussi bien sur le documentaire que sur des œuvres de fiction, pour des sorties salles comme pour des télévisions européennes.


L’admiration pour l’œuvre de ce maître du cinéma naît aussi du génie avec lequel il accepte et concrétise, avec un mérite salué, des défis cinématographiques qui semblaient impossibles à beaucoup. Trois vies et une seule mort, dans lequel Marcello Mastroianni incarne trois personnages à la fois, Généalogies d’un crime, qui s’empare d’un sulfureux fait divers, Le Temps retrouvé, d’après le roman de Proust jugé inadaptable et les Mystères de Lisbonne, tourbillon feuilletonesque de près de 4h30, en sont de parfaites illustrations. Ces films permettent également de souligner l’aspect éminemment accessible et populaire que revêt le cinéma de Ruiz : en France, Le Temps retrouvé et Les Mystères de Lisbonne, malgré leur longue durée, ont réuni respectivement plus de 350.000 et 100.000 spectateurs.

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